Beaucoup de choses se sont passées du côté de Sola depuis notre article en 2017… Mais s’il y a bien une constante, c’est bien la place qu’occupe ce bijou gastronomique dans notre cœur ! Car ce restaurant de poche du 5ème arrondissement a quelque chose d’envoutant, d’énigmatique et de quasi-mystique : une magie insaisissable semble s’y opérer.

Incendie, travaux, changement de chef, nouvelle équipe, retour mérité de l’étoile, pandémie mondiale, confinement, fermeture, remise en question… Et heureusement, au bout de toutes ces péripéties, la décision de transposer l’expérience Sola dans une offre à emporter, sur un format « Omakase ». En réalité, plus qu’une transposition, il s’agit ici d’une véritable ré-invention aux airs tellement aboutis qu’on la penserait presque choisie plus que subie. 

L’expérience commence avec le colis : à peine réceptionné, le sac et ses boites donnent l’impression d’avoir reçu un coffret cadeau d’artisanat japonais… Un univers graphique sobre, poétique, et des matériaux soignés font d’emblée battre le cœur et frétiller les papilles. A l’intérieur, l’agencement est malin, élégant et pratique : chaque élément est numéroté, et l’ensemble est accompagné de notices rendant l’expérience limpide et sans prise de tête. Ce travail de fourmi en conception et en réalisation confère un côté très précieux à l’expérience.

S’en suit une véritable épopée gastronomique à la maison : ludique, créative, élégante et pleine de surprises, mais sans être trop compliquée, sophistiquée ou demander trop de préparations. L’approche « sous vide » facilite le travail des cuissons et permet de concentrer les efforts sur les méticuleux dressages, où les petits détails donnent de grandes satisfactions !

Mentions spéciales aux endives cuites sous vide, sauce wakamé et sésame où l’amertume et les notes terreuses sont relevées par la douceur croquante du sésame et les notes douces de la sauce aux algues ; et surtout à cet incroyable tofu fumé au bois de Sakura, Ankaké et escabèche de shiitaké : une détonation aux notes fumées, boisées pour un résultat gourmand et sans protéines animales. Bravo !

Dans le verre, des accords ciblés sont proposés par le chef sommelier, notamment avec ce délicat saké « Senkin 50 » de la region de Honshu qui donne du répondant à la sauce au wakamé des endives ; ou encore cette liqueur de prune Umeshu, pas trop alcoolisée et complètement addictive, qui vient soutenir les notes tropicales du dessert à l’ananas.

Tout ce travail est évidemment le résultat d’une alchimie humaine. Car dans cette aventure, le chef de Sola est loin d’être solo : une équipe particulièrement jeune, hautement passionnée et carrément douée dynamise le concept et rend cette expérience envoutante.

Au final donc, si l’équipe de Sola était d’abord hésitante à se lancer dans la vague des offres à emporter, elle s’est finalement saisie du challenge et l’a relevé avec les félicitations méritées de tous ses clients, qu’ils soient fidèles adeptes ou nouveaux conquis. Et si nous ne pouvons qu’espérer pouvoir nous attabler de nouveau chez Sola dans les prochains mois, nous constatons que ce nouveau format, par la force des choses, leur réussit à merveille et contribue lui aussi à l’enthousiasmante renaissance du restaurant.