Jour 1
Rencontrer, Apprivoiser, prendre ses marques
Un vol Paris-Casablanca plus tard, son lot de complications avec une arrivée ubuesque à l’aéroport bondé, me voila installée dans un van à l’effigie d’Azembay, premier Eco-resort du Maroc.
Cela fait plusieurs semaines que le voyage est en préparation et le voir enfin arriver parait presque irréel après la semaine très dense vécue.
Mettre tout derrière, oublier les problèmes pour se concentrer sur soi, soigner son esprit en mal de surmenage et remettre les compteurs de son corps à zéro : une semaine de jeûne s’ouvre à moi.
Remettre les compteurs à zéro avec une semaine de jeûne
En arrivant, je découvre ma chambre à la nuit déjà bien tombée : petite mais ergonomique elle sera mon lieu d’accueil de la semaine avec un petit bureau et la vue sur le resort. Un endroit atypique, porté par un entrepreneur qui y construit un resort prenant la forme d’un éco-village avec restaurant, villas en location et bientôt un potager. Installé en front de mer et en bordure de forêt, l’établissement jouit d’un emplacement véritablement exceptionnel, au coeur de la nature.
Après avoir déballé mon sac, arrive un moment que je redoutais : celui de la rencontre avec Le Groupe. Une entité humaine, constituée de plusieurs personnes individuelles qui m’accompagneront pendant une semaine. De nature réservée, en retrait lors des premières rencontres, j’appréhendais beaucoup ce moment…
J’entrouvre une baie vitrée pour pénétrer dans une grande pièce avec cuisine ouverte, de laquelle émane des odeurs de légumes : bien sûr c’est l’heure du bouillon ! Les filles sont réunies autour de la cheminée et me saluent chaleureusement (malgré la gêne qu’elles ont du sentir de mon côté).
Je fais connaissance avec Virginie Potier instigatrice du stage de jeûne qui me reçoit dans le cadre de cette expérience, Saloua, professeur émérite de yoga qui dispensera les cours de la journée, et les participantes : Nadia, Ghizlane, Hind, Kenza pour la plupart locales, sauf Gwenaelle française.
Je m’assois avec elles, nous échangeons quelques mots et toutes se présentent : les horizons sont différents et les objectifs de cette retraite le sont également. Les motivations sont personnelles, atteignables en groupe, d’où l’importance du choix de la personne qui le dispense. Je découvre la saveur du bouillon, élaboré chaque jour par Virginie avec des légumes biologiques, que j’adore pour cette première fois… (un peu moins à la fin du séjour 🙂
Étant arrivée tard, les filles ont déjà fait leur purge. Je ferai la mienne demain.
Comment : boire 75 cl de jus de pruneau / jus de choucroute lacto fermenté en 30 minutes ou boire 20g de sulfate de Magnésium heptahydrate (Sels d’Epsom) ou sulfate de Sodium (Sels Glauber) dans un bol d’eau chaude à jeûne (au moins 5h00 après le déjeuner) ou au réveil. Moment désagréable mais étape primordiale pour bien démarrer un jeune en nettoyant son intérieur.
Après quelques bâillements, tout le monde retourne dans sa chambre pour une nuit de sommeil.
Jour 2
La transition
Réveil à l’aube, cour de yoga dispensé par Saloua sur l’herbe devant la piscine avec la rosée du matin pour démarrer la journée. On sort d’un état de méditation agréable pour aller prendre le “petit déjeuner” : un jus à l’extracteur qui change chaque matin (mélange de légumes et d’un fruit). Virginie fait aussi son citron gingembre maison, un délice absolu qui réveille nos papilles avec des citron locaux très aromatiques.
C’est parti ensuite pour 3H de randonnée le long de l’océan et en bordure de forêt. Un moment convivial pour ceux qui le souhaitent, et méditatif pour les autres comme c’est mon cas qui aime m’isoler pour marcher.
Au bout de ces trois heures, retour au restaurant de l’hôtel pour s’assoir quelques minutes le temps de s’étirer, prendre conscience de son corps, de ses muscles et de l’effort effectué. Pour moi qui suis très sportive, cette marche fut vivifiante et particulièrement agréable avec le vent frais marocain en plein visage.
Ne pouvant m’éloigner trop longtemps de mes obligations professionnelles, je retourne ensuite m’isoler dans ma chambre pour effectuer ma purge et travailler. Cette dernière ne fera effet pour moi que dans la nuit (rien d’étonnant avec un transit particulièrement lent). Le soir, on se retrouve une heure avant le bouillon pour échanger de façon ouverte sur des sujets tels que la nutrition, les principes fondamentaux du jeûne, son fonctionnement, ses déclinaisons, les superciments…
Les filles sont source d’instruction, surtout Ghizlane qui partage ses précédentes expérience de jeûne longue durée, ce qui n’était pas mon cas ayant jeûné un maximum de trois jours avant cette expérience.
Petite digression : La plupart des gens m’auront questionné à mon retour sur la faim, mais oubliez ces préjugés, l’absence de faim est un élément frappant de tous les jeûnes. Les envies de saveurs, de mâches sont bien présentes mais personne ne se plaindra jamais d’avoir faim ou d’être en manque de nourriture pendant le stage.
Pendant la soirée, Virginie reviendra sur l’équilibre des assiettes et les aliments à favoriser pour une meilleure alimentation. Je ne me sens pas particulièrement concernée par ces échanges étant très éclairée dans ma façon de m’alimenter, mais suis ravie d’écouter et participer aux discussions.
Jour 3
Rester forte
Après une nuit particulièrement désagréable et mouvementée avec la purge, je me sens très affaiblie au réveil et surtout épuisée, mon corps étant littéralement vidé. Après une matinée et une après-midi de repos à travailler, dormir et lire, je rejoins les filles le soir pour le bouillon alors qu’elles sont allées faire leur marche de 3h quotidienne.
Ce moment de partage rehausse mon état : je me sens bien mieux et la chaleur du groupe ne fait qu’améliorer ma condition.
Jour 4 et 5
Passage en monodiète
Ne souhaitant pas spécifiquement perdre de poids, et d’un commun accord avec Virgine, nous décidons le 4ème jour de basculer en monodiète : j’aurais donc droit à une banane monoxydée tous les jours à l’heure du déjeuner après la randonnée. L’occasion de me réconcilier avec ce fruit que je n’appréciais pas particulièrement avant ce stage et dont je ne peux depuis plus me passer.
La banane fera office de pansement à mon estomac sensibilisé par la purge. Il faut dire que Virginie la prépare divinement, l’écrase avec minutie et la laisse reposer le temps suffisant pour la banane libère ses sucres naturels. Un délice, surtout après 3 jours de jeûne, puisque les papilles sont exacerbées par les saveurs qu’elles rencontrent.
Le principe : écraser une banane et la laisser à l’air libre avec une assiette par dessus et la laisser mariner. La banane fonce, libère ses sucres et transforme en une mixture absolument délicieuse en bouche.
Ce jour là, lors de la randonnée, je ferai la connaissance de Gwenaëlle : Une voyageuse du monde, dynamique et touchante avec qui je serai ravie de passer du temps par la suite.
L’occasion d’une parenthèse sur les relations humaines : chacun a des comportements différents en fonction de l’environnement dans lequel il est placé. Pour ma part j’ai tendance à être en recule pour observer, m’habituer à mon environnement et donner ma confiance. Ce stage en sera une fois de plus une démonstration, puisqu’il me faudra quelques jours d’acclimatation avant de laisser mon esprit accorder sa confiance. On apprend tous de ses erreurs et je regrette d’avoir mis autant de temps pour découvrir Gwenaëlle, Nadia, Ghizlane (une femme incroyable très engagée pour la place des femmes dans la société marocaine).
Les journées rythmées de la même façon avec : le cour de yoga, le jus, la randonnée, la banane, la pose, le cour de yoga, la discussion avant le bouillon et le bouillon ne se ressemblent pourtant jamais… Les rythmes varient en fonction de l’énergie du groupe, démarrant parfois plus tôt ou trainant sur certaines activités.
Le plus difficile fut pour moi de gérer le travail et le rythme du stage. Etant ici pour le reportage, j’ai le sentiment de n’avoir pu vivre l’expérience qu’à moitié… Mais c’est le deal quand on entreprend, les compromis sont quotidiens. Je dû d’ailleurs écourter mon séjour et partir le vendredi au lieu du dimanche. La fin de semaine arriva donc vite pour moi, et Nadia m’accompagnera découvrir la très jolie ville d’Azemmour pour mon dernier jour (activité normalement proposée en fin de semaine). Nadia c’est mon coup de coeur, mon rayon de soleil, le genre de personne que l’on croise seulement quelque fois dans une vie et avec qui les alignements se font immédiatement. Nous flânerons, dans les petites allées pavées, après avoir dévalisé un marchand de rue de cumin, dattes, harissa et autres olives aux odeurs fabuleuses. Etape particulièrement tentante pour des gourmandes comme nous, qui n’avions pas manger depuis 5 jours… Le pire fut certainement le petit pain local au gruau, acheté dans la rue sortant du four dont les odeurs se diffusaient dans la voiture…
Une tristesse s’installait à mesure que le temps passé, je regrettais de devoir rentrer pour travailler mais repartais toutefois reboostée, pleine d’énergie et de recul. Le jeûne aura un effet très bénéfique notamment sur ma peau dont les pores se resserrent et les impuretés disparaissent. L’effet est durable, même après plusieurs semaines. Mon transit s’améliora également comme si les pendules avaient été remises à la bonne heure.
Je constate que le jeûne permettra à certaines filles du groupe de prendre le temps de faire un bilan général sur leur alimentation et de corriger certaines mauvaises habitudes par l’application d’astuces proposées par Virginie notamment dans le cadre des discussions du soir.
Le rapport à l’alimentation est personnel et singulier à chaque personne : je ne mange pas la même chose que mon voisin et lui-même n’appréhende pas la nourriture de la même façon que sa conjointe. L’important n’est pas de rentrer dans un moule mais de trouver le bon, celui qui nous convient intrinsèquement.
J’ai un rapport à l’alimentation particulier, puisqu’enquêtrice gastronomique, je vais souvent au restaurant pour tester des choses parfois bonnes et parfois moins. Chez moi, je cuisine énormément en étant vegan mais à l’extérieur c’est différent. Je ne me prive jamais de rien, je termine tous mes repas par des desserts (dont la gourmandise varie en fonction des envies), je bois beaucoup de vin et je jeûne tous les lundi pour remettre les compteurs à zéro, un équilibre que j’ai trouvé il y a quelques années et que j’applique sans contrainte, ni écart.
Mon régime alimentaire me convient bien et je cherchais par ce stage de jeûne un moyen de me recentrer : d’allier ma passion pour le sport (et plus spécifiquement le yoga), à une expérience extra-sensorielle, spirituelle et personnelle. Arrêter de manger c’est mettre son corps en suspend pour mieux le retrouver et revivre des sensations souvent oubliées dans notre société de sur-consommation. C’est aussi se donner plus de temps car en éliminant les temps du repas, les journées sont plus riches.
Le jeûne est un état d’être jubilatoire, presque euphorique ou tout semble être plus clair, ou l’envie d’écrire, de lire, de laisser libre court à son imagination sont réels. Je ne connais pas une personne ayant vécu une expérience de jeûne négative, il doit être initié de façon encadrée, avec un véritable objectif qui varie évidemment en fonction des personnes : perte de poids, besoin de se re-centrer, envie de spiritualité, recherche de calme…
Une fabuleuse expérience que je réitérerai, en conservant la dimension yoga / sport toutefois, stimulante et particulièrement complémentaire avec le jeûne.
Merci à Virginie de m’avoir reçu et pour sa bienveillance.
Merci à Saloua également pour le partage de sa pratique yogique, sans qui ce stage n’aurait pas été le même : les pratiques de Saloua ont berçé le rythme du stage et accompagné nos corps dans des états méditatifs absolus. Découverte également d’un massage japonais holistique de 15 minutes absolument fabuleux, un très beau cadeau avant de sauter dans l’avion.
Merci au gGroupe pour votre énergie et votre écoute.
Retrouvez le site de Virginie Potier ici et de Saloua ici
Encore envie de lecture ? N’hésitez pas à parcourir une autre expérience yoga au travers de notre retraite en Thaïlande à Samahita.
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