Un dîner prometteur sur le papier

Depuis la naissance de Pointus, nous avons eu la chance d’éviter les restaurants qui font flop… Malheureusement avec la table du Fontevraud, on frôle la palme d’or. Autant vous le dire tout de suite, la déception est grande, mais en matière de restaurant les goûts et les couleurs…

La découverte du lieu se fera avec émerveillement et placera la barre très haute : subliment aménagé, l’endroit est à l’image du l’hôtel, épuré et mettant en valeur des matériaux nobles et de qualité.
La partie la plus séduisante où nous étions assis, s’articule sur une zone rectangulaire de baies vitrées, donnant directement sur un potager d’herbes aromatiques. Plus exclusif comme table de resto  tu meurs !

Un cadre d’exception

On prend place sur notre magnifique table, éclairée par une lampe lédée, tout en étant accueillis par une coupe de bulles locales, un vin pétillant de Loire, cuvée spéciale de l’Abbaye, bien plus intéressante que certains champagnes !
La mise en bouche s’annonce réjouissante, avec l’annonce d’un chou au parmesan et sa croûte de persil. On est ravis que ce soit sans viande, et surtout très enjoués par l’allure de ladite assiette : malheureusement, la première bouchée nous révélera des saveurs en complet décalage avec celles annoncées. Les yeux bandés, nous n’aurions pu distinguer aucun des trois ingrédients cités… Situation délicate, on se convainc que c’est un parti-pris, un choix délibéré de proposer des produits lisses pour commencer un repas.

Un menu décevant

On passe ensuite au plat signature de l’adresse, présent toute l’année à la carte, à savoir le velouté – servi chaud ou froid en fonction des envie du chef. Rappelons que les moines ouvraient chaque dîner avec la dégustation d’une soupe claire. De betterave pour cette fois, avec un craquelin et une bulle encuilleurée dont les saveurs m’échappent, elle est agréable mais sans plus. En cette période de l’année et avec le froid de canard qu’il faisait, on aurait toutefois préféré qu’elle nous soit servie chaude… Question de bon sens.

La “Révolution du potager” sera agréable mais trop en retrait : l’assiette est plutôt bien dressée bien que la spirale fasse un peu surannée. Elle est constituée d’une crème de pain grillée, de quelques légumes crus et une purée de céleri un peu anecdotique. Bien trop sobre pour engendrer une révolution, elle manque cruellement d’assaisonnement et impossible de compenser avec un peu de poivre, car aucun serveur n’était dans les parages…

La daurade et son céleri feront ensuite leur apparition sur notre table, et il s’agira certainement du plat le plus abouti de ce dîner. Enveloppée dans une peau tigrée, l’assiette est raffiné et la cuisson de la daurade parfaitement maîtrisée. Le deuxième plat sera pour Monsieur un dos de marcassin, butternut et châtaigne, et pour moi une assiette de Saint Jacques en bouillon.
Le premier avis est mitigé, déplorant une fois de plus un manque de franchise dans les saveurs du plat, qui resteront neutres et en retrait. Le chef est-il bien là ?
Pour la partie Saint Jacques, elles seront parfaitement cuites mais le bouillon sera tellement clair et sans goût qu’on aurait pu se convaincre que c’était de l’eau. Un bouillon de Saint Jacques, sans accompagnement et oubli du pain ne suffira ni à rassasier mon estomac ni à satisfaire mes papilles… Même si on apprécie les analogies, ce restaurant nous met bien trop à la diet !

Finalement, seul le pré-dessert constitué d’une crème au poivre blanc de Kampot, aura su VRAIMENT nous convaincre et nous apporter du plaisir. C’est toutefois malheureux d’attendre la pré-fin d’un repas pour commencer à déceler la cuisine d’un chef.
Le dessert sera sans surprise neutre et sans intérêt, avec pourtant un intitulé séduisant : pomme verte, sauge et amende. La sauge se laissera tristement oublier pour laisser place à une pâte crémeuse particulièrement insipide. On baigne dans la mélasse, ça manque de mâche et de relief. Bref c’est raté.

Un service peu formé

Pendant tout le dîner nous essayerons de nous convaincre que ce n’était pas si mal, mais notre tentative prendra fin au moment de faire le bilan du service – considérant qu’il y en ait eu un ce soir là.
Alors que nous étions en accord mets et vins, nous aurons la même proposition pour l’entrée et le plat (dommage dans le cadre d’un dîner en quatre services…)  ; il faudra demander du pain pour en voir arriver sur notre table ; et l’attente entre les plats sera particulièrement longue… Les serveurs ne savent pas raconter les plats qu’ils déposent et la magie ne prend pas.
Heureusement que le notable Pascal Garnier de passage en salle prendra un moment le relais, de quoi nous rappeler le temps d’un instant que nous étions à une table étoilée.

Pour conclure :

Le Restaurant Fontevraud, n’aura pas su nous convaincre. La cuisine pourtant encensée de Thibaut Ruggeri restera pour nous un mystère que nous n’aurons su percer ce soir là… Malgré une proposition de menu accessible à 65€ (hors vin), on sort de cette expérience culinaire frustrés et interrogateurs.
La gastronomie est une affaire de goût, et ce dîner en manquait cruellement.

Adresse :
38 Rue Saint-Jean de l’Habit,
49590 Fontevraud-l’Abbaye