Le renouveau réussi d’un emblème germanopratin

Vous n’êtes pas sans savoir (sinon on vous l’apprend) que l’Alcazar avait fermé ses portes pendant plusieurs mois pour réaliser de lourds travaux de transformation. La réouverture a eu lieu il y a peu, et nous avons eu la chance de nous y encanailler, haut perchés sur la mezzanine très végétalisée de l’établissement.

C’est donc à l’étage “bar” que nous avons décidé de poser notre arrière train : après avoir traversé un long couloir entièrement de blanc vêtu, on gravit quelques marches pour atterrir dans un univers tamisé, éclairé par quelques points de lumière bien amenés.
On découvre côté solide, une carte claire, concise et racée, faîte de petites assiettes, terreuses, iodées et végétalisées.

La carte liquide fait quant à elle la part belle aux cocktails inspirés, dont les intitulés et le branding rappelle ceux que l’on trouve chez le voisin d’en face Prescription. On opte pour un basil berry cooler (vodka absolu, jus de citron, nectar de cramberry, crème de fruits rouge, basilic et framboises fraiches) et un plumeria (rhum Havana, citron vert, gingembre, sirop de miel, purée fruit de la passion, blanc d’œuf).
En attendant l’arrivée de nos nectars, on s’émerveille de cet univers si particulier qu’on su créer les architectes-décorateurs. Nos boissons débarquent, fières et colorées, transpirantes de fraîcheur… En bouche c’est doux, sucré, bien dosé, on aime beaucoup (surtout un vendredi soir).

Un espace confortable en terrasse

Après avoir refait le monde pendant quelques instants et s’être alanguit sur ces confortables banquettes cuirées, nos assiettes font leur entrée : on démarre avec les Saint-Jacques Bretonnes qui disons le tout de suite, seront la déception du repas… présentées dans leur coquille, elles sont accompagnées de haricots tarbais, dont la chaire farineuse s’associe assez peu harmonieusement avec la texture si particulière du crustacé, contrebalancé par le chorizo prenant un peu trop le dessus sur le reste.

On passe donc sur ce que l’on considère comme un raté et on entame le tataki de thon yuzu avocat et gingembre : ces quelques tranches iodée, assez épaisses et d’un profond violet nous donne directement l’eau à la bouche. Nos papilles seront en émoi dès le premier contact, c’est tranchant, franc et relevé par une petite sauce gingembrée, parfumant la chaire du poisson ! On apprécie particulièrement le côté ludique des crudité placées en bouquet, a venir diper dans une réjouissante sauce blanche à la cervelle de Canut. Cette vague de fraicheur vient nous enivrer de bonheur (vous connaissez notre amour pour les légumes qui ont du gout!). On garde le meilleur pour la fin, pour vous parler de la déclinaison de betterave, chèvres et noisette. Une assiette qui se démarque par son dressage très bistronomico-inspiré. Le plat est un récit à lui seul: les ingrédients le constituant se dévoilent au fur et à mesure, laissant entrevoir , à chaque bouchée de nouveaux légumes.

Des desserts aboutis

Vient ensuite le moment fatidique des desserts, celui que l’on appréhende toujours, imaginant le pire. Pour cette fois ce sera une VRAIE réussite avec une tarte au chocolat super marquée par un chocolat noir d’une déroutante profondeur. La pâte sablée est croquante sans être sèche et sans avoir le désagréable goût d’un surplus de beurre. Cette dernière est twistée par une excellente boule de glace à l’orange sanguine, elle aussi home made dont j’aurais bien demandé des bacs entiers.
Je pars quant à moi sur une panna cotta au fromage frais, accompagné d’une marmelade earl grey… Je ne sais pas vous mais perso j’en ai ma claque des panna cotta ! Je me suis tournée vers ce dessert car je n’aimais pas l’autre proposé à la carte à savoir un riz au lait. C’est donc un peu en traînant les pieds que je l’ai commandé mais ce dernier aura su me laisser bouchée bée. Il m’aura notamment surprise par la justesse de ses saveurs et la dose parfaite de sucre assignée. La tenue de ce dessert est impeccable, c’est carrément gourmand et parfaitement mesuré, on en redemanderait presque…

Pour conclure :

Le nouvel Alcazar a su mettre en avant tout ses atouts pour nous séduire en ce vendredi soir. Ce havre de paix, semble être un îlot de verdure colonisé par une équipe impliquée et soucieuse de satisfaire la clientèle du quartier.

Adresse :
62 Rue Mazarine,
75006 Paris, France